En 1923, dans son ouvrage Picasso et la tradition française, le marchand Wilhelm Uhde souligne le cosmopolitisme du monde de l’art parisien, dans un mélange exceptionnel de fougue et de création. Paris ville lumière, c’est l’aspiration vers un art nouveau et puissant. Pablo Picasso y est installé depuis 1904, alors que de nombreux artistes venus de Russie y trouvent asile : Zadkine, Chagall, Soutine, Sonia Delaunay, Mané Katz, Ben Silbert…. c’est « l’Ecole de Paris » admirable et véhémente !
Carrefour européen des espoirs, ville d’une humanité sans frontières, visage du monde moderne naissant, Paris a aussi accueilli les intellectuels fuyant les dictatures, Hannah Arendt, Walter Benjamin, Bertold Brecht, Samuel Beckett.
Ville refuge pour l’argentin Antonio Segui, le chilien Roberto Matta, Serge Kantorowicz enfant sauvé des rafles nazies, Vladimir Velikovik fuyant l’Europe de l’Est, ville de cosmopolitisme et de liberté, au cœur de l’exil et de l’art, Paris reste la ville-résilience qui sublime toutes les identités blessées.
« En art, il n’y a pas d’étranger » disait Brancusi, l’exil est aussi un voyage vers la création.
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Artiste inclassable par sa fiction intérieure, Serge Kantorowicz (1942-2022) est un peintre puissant et singulier, marqué par la dramaturgie expressionniste en résonance
aux événements tragiques qui ont accompagné sa naissance.
Entrer dans son aventure esthétique c’est se confronter au questionnement ontologique et pictural de la condition humaine.
S’efforçant d’exorciser la fatalité de l’Histoire par l’absurde et l’humour burlesque, il mêle l’ironie macabre aux références littéraires.
Fils spirituel d’Egon Schiele, de Bashevis Singer, de Victor Hugo, de Richard Gerstl, de Bruno Schulz et de Franz Kafka, il exacerbe les fantômes du yiddishland dans une troublante lumière noire.
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